Soutenance de thèse de Lisa Hasan
The political construction of building sector decarbonization
Résumé :
Des solutions techniquement et économiquement viables pour décarboner les bâtiments existent.
Pourtant, décarboner – surmonter la dépendance du secteur aux combustibles fossiles – reste un grand défi. Je soutiens que cette situation découle du caractère politique de la décarbonation. La décarbonation des bâtiments implique une reconfiguration des normes, des institutions et des coalitions. Donc, plutôt que de me concentrer sur les barrières économiques, technologiques et comportementales, j'examine comment la politique façonne la décarbonation du secteur du bâtiment.
Basée sur une étude de cas internationale, trois études provinciales et cinq études urbaines, j'explore les trajectoires de décarbonation à travers les prismes des discours, des politiques publiques et des dynamiques de pouvoir. Je combine les perspectives de la gouvernance climatique, des transitions sociotechniques et de la construction durable, pour analyser plus de 250 documents académiques, industriels et de presse, ainsi que 44 entretiens avec des parties prenantes clés. Les résultats montrent que les luttes politiques en lien avec la décarbonation des bâtiments au Canada, aux États-Unis et à l'étranger favorisent les réductions d'émissions incrémentales plutôt que des approches plus ambitieuses ou systémiques. Paradoxalement, de nombreuses initiatives de décarbonation renforcent la dépendance aux combustibles fossiles.
À travers les cas, les trajectoires de décarbonation sont façonnées par la manipulation des discours, l'évitement des conflits et les structures de pouvoir invisibles. Au niveau international, les organismes privés de normalisation gagnent en légitimité en maintenant une perception de consensus large autour des moyens d'atteindre la décarbonation des bâtiments. Ceci est accompli en positionnant des approches incrémentales au sein de narratifs de durabilité plus larges et en évitant les conflits. Dans les provinces canadiennes, les trajectoires de décarbonation dépendent de la nature et du pouvoir relatif des coalitions entre les gouvernements provinciaux et les fournisseurs d'énergie. Au niveau local, les politiques urbaines de décarbonation des bâtiments abordent rarement les rénovations sous-optimales, la dépendance aux combustibles, le déplacement d'émissions et l'individualisation. De plus, l'accent mis sur l'acceptation des politiques par les propriétaires de bâtiments mène souvent à des politiques publiques qui exacerbent les injustices sociales en exemptant les bâtiments qui souffrent de construction de piètre qualité, d'entretien insuffisant ou de coûts énergétiques élevés.
Mes résultats soulignent la nécessité de porter une plus grande attention à la façon dont la décarbonation du secteur du bâtiment est politiquement construite. De plus, je révèle certaines implications au niveau de l’équité liées à une vision de la décarbonation centrée sur les solutions techniques. Le Cadre des Trajectoires du Pouvoir développé ici fournit aux académiques, praticiens et citoyens une nouvelle façon de cartographier les dynamiques politiques, d'identifier des stratégies contextuelles et de s'engager de manière plus proactive dans la politique de décarbonation.
Mots-clés : gouvernance climatique, transitions sociotechniques, décarbonation du secteur du bâtiment, politique des transitions, dynamiques de pouvoir, verrouillages carbone, analyse de discours, analyse de politiques, transitions justes.
Abstract
Technically and economically viable solutions to reduce building emissions exist.
Yet decarbonizing buildings – overcoming the sector’s dependence on fossil fuels – remains a
significant challenge. I argue that this is because decarbonization is fundamentally political.
It requires a reconfiguration of norms, institutions, and coalitions. Rather than focusing on
economic, technological, and behavioral barriers, I investigate how politics shapes building
sector decarbonization.
Based on one international, three provincial, and five urban case studies, I
explore decarbonization trajectories through the lenses of discourses, policy instruments, and
power dynamics. I combine insights from climate governance, sociotechnical transitions, and
sustainable construction, to analyze over 250 academic, industry, and press documents, as well
as 44 interviews with key stakeholders. Results show that the politics of building sector
decarbonization in Canada, the United States, and abroad favours incremental emission
reductions over more ambitious or systemic approaches. Paradoxically, many decarbonization
initiatives reinforce fossil fuel dependence.
Across cases, decarbonization trajectories are shaped by discourse manipulation, conflict
avoidance, and invisible power structures. At the international level, private standard setters gain
legitimacy by maintaining a perception of broad consensus around means to achieve building
decarbonization. This is achieved by positioning incremental approaches within broader
sustainability narratives and avoiding conflict. Decarbonization trajectories in Canadian
provinces depend on the nature and relative power of coalitions between provincial governments
and energy providers. At the local level, urban building decarbonization policies rarely address
suboptimal retrofits, fuel dependence, emission displacement, and individualization. Moreover,
the focus on policy acceptance by building owners often leads to policy designs that exacerbate
social injustices by exempting buildings suffering from poor construction, insufficient maintenance,
or high energy costs.
My findings highlight the need to pay closer attention to how building sector decarbonization is
politically constructed. In addition, I reveal some of the equity implications of focusing solely on
technical solutions. The Power Pathways Framework I develop here provides academics,
practitioners, and citizens with a new way to map political dynamics, identify context-specific
strategies, and engage more meaningfully in decarbonization politics.
Keywords: climate governance, sociotechnical transitions, building sector decarbonization,
transition politics, power dynamics, carbon lock-ins, discourse analysis, policy analysis, just
transitions.
Jury :
FRANCK SCHERRER : PRÉSIDENT RAPPORTEUR - Professeur titulaire Faculté de l'aménagement - Urbanisme et Architecture de paysage
GONZALO LIZARRALDE : DIRECTEUR DE RECHERCHE - Professeur titulaire - Faculté de l'aménagement - Architecture
ÉRICK LACHAPELLE: CODIRECTEUR DE RECHERCHE - Professeur titulaire Faculté des arts et des sciences - Département de science politique
ALICE COVATTA: MEMBRE DU JURY - Professeure adjointe - Faculté de l'aménagement - Architecture
PETER OSBORNE: MEMBRE EXTERNE - Assistant Professor of Architecture, Climate Adaptation and Building Rehabilitation at Carleton University
MICHEL MAX RAYNAUD, Représentant de la doyenne - Vice-doyen de la Faculté de l'aménagement - Professeur agrégé - Faculté de l'aménagement - Urbanisme et Architecture de paysage
Programme : 300511 Doctorat interdisciplinaire en aménagement
Date : 28 novembre 2025 à 10h
Lieu : Salle 1150 du Pavillon de l'aménagement