Béatrice Pépin et Noémie Lachance, étudiantes à la maîtrise en architecture, ont remporté le Prix étudiant Cecobois 2025 — volet Conception, remis dans le cadre du 9e Gala des prix d'excellence Cecobois. Un concours qui met en valeur l'utilisation innovante du bois dans des projets commerciaux, institutionnels, industriels et résidentiels à l'échelle du Québec.
Les deux candidates à la profession d'architecte ont soumis le projet collaboratif Synergie urbaine. Une serre en bois conçue comme catalyseur social pour le quartier Saint-Henri, dans le sud-ouest de Montréal.
Au terme du processus d'analyse, le jury a souligné la profondeur conceptuelle et la qualité d'exécution exceptionnelle des maquettes conçues par les deux lauréates.
Un quartier à transformer
Fruit de leur projet final de baccalauréat développé dans le cours « Projet d'architecture 2 », la création répond à des enjeux sociaux critiques. Sous la direction des professeurs Gonzalo Lizarralde, Izabel Amaral et Thomas Schweitzer, les étudiantes ont exploré de manière exhaustive les aspects techniques, environnementaux et sociaux relatifs à la conception d'une serre urbaine, avant de sélectionner un site.
« J'habitais le secteur, puis je voyais qu'il y avait un grand manque au niveau de l'offre alimentaire près du métro Place-Saint-Henri », souligne Béatrice Pépin. Sa collègue ajoute que d'autres quartiers ont été analysés, mais que la problématique spécifique dans cette zone de Saint-Henri, avec la présence d'écoles et de CPE, a servi de motivation.
Au-delà des murs: une vision sociale
L'approche développée pour cette serre innovante va bien au-delà d'une simple structure en bois. Noémie Lachance et Béatrice Pépin ont voulu très tôt dans le processus proposer un projet à visée pédagogique et communautaire.
« Un des objectifs, c'est de faire converger toutes les forces communautaires du quartier vers la serre, faire venir les écoles, pour montrer aux écoliers et aux citoyennes les alternatives à la culture en sol », illustre Noémie Lachance. Cela se traduit par l'utilisation de l'aéroponie — une technique où les plantes se développent en suspension dans l'air —, par la récupération de l'eau de pluie et par l'exploitation des propriétés thermiques du sol, pour une conception bioclimatique efficace.
La maîtrise des maquettes
D'un point de vue formel, les deux étudiantes à la maîtrise ont redoublé d'efforts pour donner vie à leur vision pour une serre en bois, dont la structure en losange évoque les voies ferrées environnantes.
« C'était vraiment une grosse recherche, explique Noémie Lachance. D'abord, il fallait comprendre la structure. Mais aussi, il fallait trouver comment créer une structure efficace en minimisant le bois, tout en s'assurant que ça soit intéressant et innovant. »
Pendant plusieurs semaines, elles ont développé des maquettes. Un travail essentiel qui les a conduites dans les différents ateliers du pavillon de la Faculté de l'aménagement, passant du bois, au métal jusqu'aux polymères.
« Tu peux aller peser directement sur ta maquette. Ça donne une idée des forces engendrées par les charges de neige, ça simule comment la structure va réagir. Ça aide beaucoup à visualiser comment le projet pourrait être dans la vraie vie », rappelle Béatrice Pépin.
Notons que depuis 2021, l'École d'architecture offre des ateliers dédiés aux différentes utilisations du bois d'ingénierie, un matériau biosourcé qui se démarque par sa faible empreinte carbone.