L’atelier Grands paysages de l’École d’urbanisme et d’architecture de paysage, sous la responsabilité de Heather Braiden, initie les étudiantes et étudiants à l’aménagement et à l’intervention en conception à l’échelle régionale en misant sur l’interrelation entre les systèmes biophysiques – écologiques, géologiques – et les systèmes anthropiques – sociaux, politiques, économiques.
L’atelier de l’automne 2022 explore comment l’activité humaine a entraîné la contamination des sites et des cours d’eau ainsi que la santé d’une forêt aujourd’hui menacée à Kanesatake par un ancien dépotoir situé à proximité. L’objectif est de proposer un projet de conception visant à assainir le territoire dans une perspective d’amélioration de la santé et du bien-être de la communauté.
Saisir les réalités de la communauté
La première étape d’intervention consiste d’abord à établir un contact, dresser un portrait du contexte, se sensibiliser aux réalités de la discrimination et prendre conscience des inégalités et de la place que peut prendre le paysage pour en réduire les impacts. La première semaine de cours est donc consacrée à la sensibilisation aux enjeux de la communauté : visionnement de vidéos sur la signification de l’intersectionnalité, des préjugés et du racisme et sur la réalité de la vie à Oka, après quoi les étudiantes et étudiants ont conçu un collage représentant ce qu’ils croient connaître et ignorer de la vie à Kanesatake. L’issue de cette étape d’initiation est de créer un espace libre de discussion sur les perceptions relatives à la culture autochtone à Montréal et ses environs.
Une démarche collaborative
La première visite de terrain débute par des rencontres et des échanges avec des membres de Kanesatake et leur directeur de l’Environnement pour s’imprégner du lieu et de son histoire. Avec la collaboration de l’écologiste Isabelle-Anne Bisson, de Terra Human Solutions, les étudiantes et étudiants ont recueilli les informations de base pour l’étude du sol et de ses contaminants provenant de déversements illégaux et pour comprendre la biodiversité du terrain et les facteurs influençant la santé de la forêt. Le sol et l’eau sont analysés et mèneront à une compréhension de l’impact des contaminants sur la nourriture et la santé de la population de Kanesatake.
Les étudiantes et étudiants ont eu l’occasion de rencontrer Chris Grosset, architecte paysagiste et collaborateur de longue date des communautés innues, qui a exposé en quoi et comment le processus de conception d’un lieu change lorsqu’on travaille avec des communautés autochtones. La classe a également pu participer à une conférence de Carling Sioui, designer autochtone et détentrice d’une maîtrise en architecture de paysage de l’Université de Munich sur l'indigénisation des espaces urbains de Montréal.
Par ailleurs, et dans une perspective plus large visant à comprendre le fonctionnement d’une décharge publique et les défis liés à la conception autour d’un tel lieu, les étudiantes et étudiants ont eu l’occasion de participer à une visite guidée du Parc Fédéric-Back et du complexe environnemental de Saint-Michel par l'architecte paysagiste Louis-Charles Pilion, employé de la ville de Montréal.
Les propositions de conception seront présentées le 12 décembre à la Faculté de l’aménagement et les projets finaux incluront une page web interactive qui sera mise à la disposition du département de l'environnement de Kanesatake.