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Paul Lewis signe la préface d’un livre sur l’aménagement d’espaces favorables au loisir, au sport et au tourisme

Les Presses de l’Université du Québec ont lancé le livre Aménager des espaces favorables au loisir, au sport et au tourisme – Perspectives théoriques, pragmatiques et réglementaires, sous la direction de Sylvie Miaux et Romain Roult et pour lequel Paul Lewis a signé la préface.

Résumé
En quoi et comment l’aménagement des espaces et des équipements de loisir peut-il contribuer au bien-être de la société et de ses populations ? Qu’il s’agisse d’équipements sportifs d’envergure ou de proximité, d’espaces culturels, patrimoniaux, de plein air ou touristiques, situés en milieu urbain, périurbain ou rural, leur aménagement n’est pas une mince affaire. Il faut en effet prendre en compte l’intégration durable et responsable des structures, l’accessibilité et la sécurité des aménagements, la promotion de saines habitudes de vie auprès des populations, bref, il faut être en mesure de concevoir tous les usages possibles d’un aménagement, du plus formel et normé au plus informel et créatif.

Préface de Paul Lewis
L’urbanisme tel qu’on le connaît aujourd’hui a été, pour une large part, conceptualisé en réponse à de graves problèmes de santé, conséquence de l’urbanisation rapide que connaissaient les villes au XIXe siècle. Les questions de santé sont encore centrales aujourd’hui en urbanisme, mais les défis ne sont plus tout à fait les mêmes. Face à l’épidémie d’obésité à laquelle nous faisons face, les milieux de vie doivent être pensés autrement, la santé en tête, pour favoriser l’activité physique par le transport actif ou différentes activités sportives. Mais les sports (et les loisirs) sont négligés par les urbanistes, du moins au Québec, notamment en regard de l’aménagement des espaces qui leur sont favorables. C’est le point de départ de l’ouvrage que nous proposent Sylvie Miaux et Romain Roult, une nécessaire contribution à notre réflexion collective.

L’ouvrage vient combler un grand vide. Il n’existait pas (ou plus) d’ouvrage comparable au Québec, à l’exception (notable) du livre de Robert Soubrier, Planification, aménagement et loisir, paru il y a maintenant plus de quinze ans. Le livre de Miaux et Roult s’inscrit clairement dans le prolongement de l’ouvrage de Soubrier et en actualise le propos. Le livre rassemble les contributions d’une quinzaine de collaborateurs, de différentes disciplines — géographie, aménagement, loisirs, patrimoine… — qui défendent des perspectives différentes, parfois théoriques, parfois empiriques, sur ce que suppose l’urbanisme pour favoriser la pratique des sports et des loisirs, de même que l’aménagement des espaces touristiques.

L’intérêt d’un tel ouvrage est à trouver sur différents plans. L’ouvrage de Miaux et Roult couvre très large. Il intéressera les spécialistes (et les étudiants) des sports et des loisirs, de même que ceux qui travaillent sur le tourisme ; certaines des contributions abordant l’aménagement des espaces qui sont favorables au développement touristique. Les urbanistes et autres aménagistes y trouveront aussi matière à réflexion pour penser la ville autrement. Depuis plusieurs années, l’urbanisme cherche à se redéfinir et surtout à redéfinir l’environnement urbain. Les sports et les loisirs offrent un très grand potentiel sur ce plan et peuvent contribuer à cette redéfinition de l’urbanisme et, partant, de nos milieux de vie.

Les auteurs ont choisi de situer leurs analyses dans leur contexte plus large, celui des pratiques en matière de planification et d’aménagement du territoire, car ce contexte est très signifiant. Ce faisant, le livre est surtout centré sur le Québec, notamment dans la première partie, mais il ne concerne pas que le Québec ; les réflexions qu’il propose sont également intéressantes pour des spécialistes d’ailleurs.

Le modèle québécois de planification fait une large place à la consultation des publics. Si la consultation est essentielle pour l’aménagement des espaces, le véritable enjeu se situe peut-être du côté de l’équilibre entre offre et demande pour les activités, dans le cas des sports et des loisirs. La demande évolue sans cesse et les villes peinent parfois à s’adapter à cette évolution. Si bien que les citoyens doivent parfois se tourner du côté du privé pour trouver ce qu’ils cherchent ou encore pratiquer d’autres activités ou même réduire leur participation aux activités. Dans un contexte où nous cherchons à augmenter la participation de tous, notamment en sports, cette question est importante. Comment penser l’offre d’activités pour favoriser la participation ? Quels équipements doit-on mettre en place ?

Les villes peuvent adopter deux types de stratégies. Une première stratégie privilégie les grands équipements, par exemple dans une perspective de marketing territorial, de positionnement stratégique, à l’échelle continentale ou même internationale. C’est par exemple ainsi que doit se comprendre la course aux Jeux olympiques ou autres grands événements sportifs. Pour plusieurs, ces grands équipements sont de nature à stimuler l’intérêt pour les sports et donc augmenter la demande ; mais l’impact positif de ces grands équipements n’est pas véritablement vérifié.

Une seconde stratégie met plutôt l’accent sur les équipements de proximité, l’objectif étant alors d’augmenter l’offre pour favoriser la pratique d’activités physiques. L’une et l’autre ne sont pas mutuellement exclusives : une ville peut fort bien construire de grands équipements pour s’affirmer face à ses concurrentes en même temps qu’elle choisira de multiplier les équipements de proximité. Mais dans un contexte où les budgets ne sont pas infinis, il y a un risque que les équipements de proximité soient quelque peu négligés. C’est la question de l’accessibilité aux équipements qui est ainsi posée. Comment donner accès au plus grand nombre ? L’accessibilité géographique est, sur ce plan, fondamentale. Mais il y a plus, notamment pour satisfaire les besoins des clientèles particulières, personnes âgées, personnes à mobilité réduite, etc. Selon la stratégie que l’on adoptera, la ville sera forcément différente. 

Depuis quelques années, notre compréhension de la question s’est enrichie : comment aménager les espaces afin de favoriser la pratique du sport ou du loisir, indépendamment des équipements ? C’est une approche radicalement différente qui interpelle directement les urbanistes et leurs pratiques à l’égard des espaces publics. C’est cette approche qui sous-tend Montréal physiquement active, l’intéressante démarche mise en place par la ville de Montréal, et qui fait une très large place à l’urbanisme. Les urbanistes deviennent, dans le cadre d’une telle démarche, des acteurs importants d’une stratégie qui vise à faire bouger les gens.

Le livre de Miaux et Roult fait largement écho aux grands débats qui traversent actuellement l’urbanisme et, plus particulièrement, l’aménagement pour favoriser les loisirs, les sports et le tourisme. Le livre propose une lecture très large qui témoigne de la richesse des défis, des contextes, des pratiques. Il faut espérer qu’il saura trouver rapidement son public.

Voir l'ouvrage sur le site des Presses de l’Université du Québec.